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Une rentrée à tâtons

Le briefing politique essentiel du matin.
Par ELISA BERTHOLOMEY
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AVEC UN GRAND H. “Cet été, la France avait rendez-vous avec l’Histoire et elle a répondu présent”. Non, ces propos ne sont pas ceux de Michel Barnier commentant les raisons de sa nomination à Matignon mais de Tony Estanguet — que d’aucuns imaginent déjà ministre — hier soir lors de la cérémonie de clôture des Paralympiques. Le patron du comité d’organisation des Jeux de Paris a célébré, sous une pluie battante, un “été historique” (ahem) qui “restera gravé en nous” — on n’aurait pas dit mieux s’agissant de la situation politique actuelle. Bon réveil à toutes celles et ceux à qui les Phryges manquent déjà, nous sommes lundi 9 septembre 2024.
DÉMARRAGE D’EPR. Alors que le pays a certes un nouveau Premier ministre mais pas de gouvernement (Michel Barnier poursuit ses consultations, on en reparle plus bas), les groupes politiques effectuent leur rentrée officielle cette semaine lors des journées parlementaires. Au sein du bloc central, c’est Ensemble pour la République — le nouveau nom du groupe macroniste — qui ouvrira le bal mardi, suivi dans la foulée par Les Démocrates et Horizons mercredi et La Droite républicaine (la nouvelle dénomination du groupe LR) jeudi. Avec une question commune : quelle position adopter vis-à-vis du gouvernement Barnier ?
Parti d’en rire. Côté macronistes, le programme s’annonce on ne peut plus classique à Rosny-sur-Seine, entre ateliers thématiques et moments conviviaux. Mais la direction du groupe a tout de même prévu quelques surprises, a appris Playbook. Invité comme grand témoin, le politologue et essayiste Jérôme Fourquet s’exprimera sur l’économie et le pouvoir d’achat. En fin de journée, l’humoriste Caroline Vigneaux jouera un extrait de l’un de ses spectacles consacré au féminisme. Histoire de faire passer quelques messages, nous murmurait-on au groupe.
Viendra, viendra pas ? Il fallait bien une mini-polémique interne pour animer la préparation de cette journée. Ce fut autour du débat : faut-il ou non inviter Michel Barnier ? La venue du Premier ministre validerait le fait qu’EPR s’inscrit dans la majorité gouvernementale. Or, Gabriel Attal s’en tient pour l’instant à une ligne de ni-ni : “ni volonté de blocage, ni soutien inconditionnel”, a-t-il indiqué vendredi dans un message adressé à ses députés. D’où le carton d’invitation qui tarde à être envoyé.
RÉUNIR LES CONDITIONS. C’est la première fois que le président d’EPR réunit ses troupes depuis son départ de Matignon — la direction du groupe se félicitait d’ailleurs hier que 86% des députés se soient inscrits, un taux supérieur à l’année dernière. L’ex-PM entend bien se servir de cette journée pour installer sa méthode et continuer de poser ses conditions à un soutien du gouvernement.
Retex. C’est ainsi que l’une des sessions de travail de l’après-midi sera consacrée à “un retour d’expérience sur ce qui a ou n’a pas fonctionné lors de la précédente législature”, confiait un cadre. Le président du groupe entend aussi pousser certains sujets comme la santé ou les services publics.
Un soutien en tant de si. Mais l’ancien PM n’est pas le seul à avancer ses pions. En cette rentrée, certains membres du groupe macroniste font aussi entendre leur petite musique. Les propositions pour réduire l’immigration illégale dévoilées par les députés Mathieu Lefèvre et Charles Rodwell dans Le Figaro ont été remarquées. Tout comme les conditions à un soutien du gouvernement fixées par Roland Lescure, ministre démissionnaire de l’Industrie et nouveau vice-président de l’Assemblée, dans Libération.
Oxymore. Au passage, apprenez que Lescure considère être dans “une forme de majopposition”. Rien à voir évidemment avec la “coalitation” et la “coexistence exigeante” de ces derniers jours, deux expressions en vogue du côté de l’Elysée.
DOUBLE CANDIDAT. La rentrée parlementaire d’Horizons mercredi devrait quant à elle bruisser des ambitions du chef de parti. La présidence de la République ne lui suffisant pas — ou fallait-il plutôt clarifier le sujet ? — Edouard Philippe a annoncé dans Paris-Normandie ce week-end être également candidat à… la mairie du Havre, en 2026. “Etre maire du Havre compte plus pour moi que tous les autres mandats”, insiste-t-il.
Mais ce n’est pas tout. L’ancien PM revient, dans cet entretien, sur sa déclaration de candidature dans Le Point la semaine dernière (Playbook vous en parlait ici) et ses propos laissant entendre qu’il croit à une éventuelle présidentielle anticipée. “Je ne suis pas du tout dans une entreprise de déstabilisation du président de la République”, jure-t-il, juste avant d’indiquer qu’il “est essentiel pour les institutions qu’[Emmanuel Macron] aille au bout de son mandat”. Philippe aurait-il voulu rattraper le coup ? Si Playbook osait, Playbook supputerait qu’il a été sensible à certaines critiques…
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IL (S’)EMPLOIE. Amateurs de remaniement, votre infolettre préférée ne vous lâche pas et vous tient évidemment au courant des dernières tractations. Quatre jours après sa nomination à Matignon, Michel Barnier poursuit ses consultations en vue de former son gouvernement.
Ceux qu’il voit aujourd’hui : les représentants des groupes Liot, accueillis cet après-midi rue de Varenne. Et “il poursuit ses échanges avec des personnalités de gauche”, nous pianotait l’un de ses conseillers sans nous donner plus de détails. Playbook a tout de même appris que, depuis sa nomination, le PM a échangé avec Bernard Cazeneuve. Et que “tout est ouvert” quant à la possibilité de recevoir d’autres ex-PM de gauche comme Jean-Marc Ayrault ou Manuel Valls.
Ceux qu’il a déjà vus : en plus des représentants de la droite et du bloc central (Dimanchissime vous en parlait ici), le PM a déjeuné avec Yaël Braun-Pivet et vu ses prédécesseurs Elisabeth Borne et Jean Castex (devenu, hier encore, guide des voyageurs de la RATP le temps d’une soirée). Il a également échangé avec Hervé Marseille, le patron des sénateurs centristes.
Son état d’esprit : “Il est dans une démarche d’écoute et de dialogue”, insistait encore son entourage hier soir, qualifiant les échanges de “très constructifs et amicaux”. Nous voilà bien avancés.
Et le casting alors ? Votre infolettre a déjà été destinataire — comme souvent en pareilles circonstances — d’une première liste (farfelue ?) de ministres composant le gouvernement Barnier I. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle fait la part belle aux ministres LR. Parmi les noms régulièrement cités par nos interlocuteurs et que l’on retrouve sur cette feuille de match qui circule sous le manteau : Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, que l’on dit intéressé par la Justice ou l’Intérieur ; les fidèles Philippe Juvin et Arnaud Danjean pour la Santé et les Armées ; ou encore Xavier Bertrand qui pourrait faire son retour au gouvernement.
Quid de Wauquiez ? L’avenir du patron de La Droite républicaine à l’Assemblée fait débat parmi nos interlocuteurs. Certains l’imaginent être nommé, car “s’il n’y va pas, il laisse la place…”, décryptait un stratège de droite. Pour d’autres au contraire, Barnier aurait tout intérêt à garder Wauquiez à l’Assemblée. “Laisser le terrain vide, c’est dangereux, il vaut mieux avoir quelqu’un pour tenir la dragée haute à Attal”, dissertait hier un conseiller parlementaire.
C’est pour bientôt ? Une fois n’est pas coutume, Playbook ne se lancera pas dans de grands pronostics sur la date à laquelle le gouvernement sera nommé. D’ici “une dizaine de jours”, supputait un conseiller de l’exécutif avant de préciser “mais ça peut être moins… ou plus”.
SUR LES ROSES. C’est peu dire que l’interview qu’Anne Hidalgo a accordé à Libération vendredi n’est pas passée inaperçue au PS. Dans cet entretien, la maire de Paris fait part de sa “colère profonde” contre le Parti socialiste qui, dit-elle, “a empêché la nomination de Bernard Cazeneuve” à Matignon. Une nouvelle pierre dans le jardin du premier secrétaire Olivier Faure qui a, bien sûr, été défendu par ses soutiens sur les réseaux sociaux.
Fluctuat et Maire-gitur. Mais l’affaire est allée plus loin que de simples réactions sur X. Votre infolettre, qui a des yeux presque partout, a ainsi eu vent d’échanges pour le moins fleuris dans le groupe qui réunit les premiers fédéraux (les présidents des fédérations départementales socialistes) sur WhatsApp. “C’est un naufrage moral et politique”, a ainsi taclé Mathieu Monot, le “1er fed” de Seine-Saint-Denis avant de pointer “la fin d’une histoire. A Paris comme au parti.” Et pan.
Lamia la rage. Toujours dans cette boucle, Lamia El Aaraje, la patronne de la fédé de Paris, a volé au secours de la maire de la capitale et remis son collègue du 93 à sa place. “Quand, dans ta vie, tu auras accompli 1/1000eme de ce qu’a fait la Maire de Paris, tu pourras mieux définir le concept de naufrage”, a-t-elle cinglé juste après lui avoir enjoint de “[s]’occuper de la Seine-Saint-Denis” où il a “assez à faire”. Et toc.
Elle y va Faure. Si l’échange illustre bien l’esprit de franche camaraderie qui prévaut entre socialistes franciliens, il a surtout donné l’occasion à El Aaraje, proche de la maire de Paris, d’à nouveau critiquer l’alliance avec LFI. “Ces gens-là ne sont pas de gauche. Nous sommes la gauche qui change la vie de gens”, martèle-t-elle encore dans son message, juste avant de dézinguer la direction du parti qui, selon elle, s’est dévoyée “pour un plat de lentilles”.
DES POTES À BRUXELLES. C’est le sujet qui risque d’occuper Michel Barnier ces prochaines semaines : le redressement des comptes publics. Dans le chemin de croix budgétaire qui s’annonce, il dispose d’une carte maîtresse dans sa manche : sa Brussells connection. Le nouveau PM a été commissaire européen à deux reprises et son implication dans les négociations post-Brexit entre l’UE et le Royaume-Uni a été remarquée. Voilà qui pourrait l’aider à convaincre la Commission d’accorder un délai supplémentaire à la France pour présenter son plan de bataille pour ramener son déficit sous les 3% du PIB, comme le prévoient les traités.
On laisse faire les pros. Il n’en fallait pas plus pour que certains l’imaginent prendre les commandes des discussions avec Bruxelles. “Si j’étais le président français, je m’en remettrais à lui (…) pour défendre les intérêts de la France dans l’Union européenne”, suggère ainsi l’eurodéputé socialiste allemand Bernd Lange. Si sa réputation joue en sa faveur à Bruxelles, le Premier ministre a d’abord du souci à se faire en France où le bouclage du budget 2025 promet d’être une rude bataille à l’Assemblée, décrypte mon collègue Giorgio Leali dans cet article (en anglais pour nos abonnés pro). 
Michel Barnier reçoit Stéphane Lenormand et Christophe Naegalen à Matignon à 15 heures.
Assemblée nationale : la commission des Finances auditionne Bruno Le Maire et Thomas Cazenave à 17h30. Le groupe LFI organise ses journées parlementaires au Palais-Bourbon aujourd’hui et demain.
7h15. France 2 : Louis Hausalter, journaliste politique pour le Figaro.
7h30. Public Sénat : Ian Brossat, porte-parole du PCF et sénateur de Paris.   
7h40. TF1 : Karl Olive, député EPR des Yvelines … France 2 : Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l’Education nationale … RTL : Anne Hidalgo, maire PS de Paris  … RMC : Frédéric Ploquin, grand-reporter, spécialiste du grand banditisme.   
7h45. Franceinfo : Laurent Jacobelli, porte-parole du RN, député de Moselle … Radio J : non communiqué.  
7h50. France Inter : Mathieu Kassovitz, acteur et réalisateur. 
8h00. Public Sénat : Sébastien Chenu, vice-président du RN.  
8h10. Europe 1/CNEWS : Yaël Braun-Pivet, présidente EPR de l’Assemblée nationale. 
8h15. France 2 : Claire Fortassin, professeure de philosophie … Radio Classique : Raymond Soubie, président d’Alixio, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy … BFM Business : non communiqué … RMC : Olivier Milleron, cardiologue à l’hôpital Bichat, membre du collectif Inter Hôpitaux.
8h20. France Inter : François Hollande, député PS de Corrèze … RFI : Danièle Obono, députée LFI de Paris.   
8h30. Franceinfo : Eric Coquerel, président LFI de la commission des finances de l’Assemblée nationale … BFMTV/RMC : Christian Estrosi, maire Horizons de Nice … Sud Radio : Sylvain Maillard, député EPR de Paris … LCI : Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme.
AU TABLEAU DES MÉDAILLES : La France a terminé 8e du classement (6e en total de médailles). 🥇19 🥈28 🥉28
AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Matinon, oui ou gnons ? La garde rapprochée de Michel Barnier se compose au petit trot … Les dessous de la tournée française du patron de Shein … Sciences Po : les derniers prétendants touchent au but. C’est à 7h30 pour nos abonnés POLITICO Pro.
MÉTÉO. De la pluie à Paris (ou des larmes de fans tristes de refermer la parenthèse olympique, à vous de choisir)
ANNIVERSAIRES : Kévin Mauvieux, député RN de l’Eure … Quentin Bataillon, ancien député Renaissance de la Loire … Jean-François Rousset, député EPR de l’Aveyron … Hugo Prevost, député LFI d’Isère. 
PLAYLIST. “Parade” de Victor Le Masne, pour rester encore un peu dans l’esprit JO. Et “Je suis venu te dire que je m’en vais”, version Amadou et Mariam parce que et puis c’est tout.
Un grand merci à : Anne-Charlotte Dusseaulx, nos éditeurs Matthieu Verrier et  Pauline de Saint Remy, Sofiane Orus Boudjema pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne. 
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